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L'architecte Oscar Niemeyer, 103 ans, travaille encore à plusieurs bâtiments
Rio de Janeiro Correspondant - Ce n'est encore qu'un édifice en chantier sur la corniche de Niteroi, la ville située sur l'autre rive de la baie de Rio, au Brésil. Une fois achevé, ce bâtiment en forme d'escargot, conçu par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer, 103 ans, deviendra une fondation à son nom.
Elle abritera l'oeuvre du maître. Sculptures, dessins, maquettes retraceront plus de soixante-dix ans d'une carrière artistique hors normes. Outre ce patrimoine, elle accueillera des salles d'expositions consacrées aux arts plastiques. L'annexe comprendra un auditorium et des salles de cours. L'ensemble se reflétera sur un plan d'eau, face à la baie.
"Seu Oscar" (Monsieur Oscar), comme chacun l'appelle ici, n'a pas attendu la fin des travaux pour inaugurer sa fondation. Il l'a symboliquement inaugurée le 15 décembre 2010, jour de son anniversaire. Il était assis dans une chaise roulante, entouré de quelques dizaines d'amis, d'autant de journalistes et de sa femme Vera Lucia, son ancienne assistante qu'il a épousée à l'âge de 98 ans.
La fondation prend sa place sur le Chemin Niemeyer, un complexe architectural qui serpente en bord de mer sur 3,5 km et comptera sept oeuvres du maître, soit plus que partout ailleurs, hormis à Brasilia. La plus connue, inaugurée en 1996, est devenue une icône de Niteroi et de Rio : c'est le Musée d'art contemporain, dont la silhouette évoque une soucoupe volante.
Le Chemin Niemeyer reliera en outre deux cathédrales, une catholique et une baptiste, un théâtre populaire, un terminal de ferry (qui fonctionne déjà), un musée du cinéma brésilien, une place Juscelino-Kubitschek (président de la République de 1956 à 1961, à l'origine de la création de Brasilia) et un mémorial touristique sur Niteroi.
Une fois n'est pas coutume, ces nouvelles oeuvres de Niemeyer ne seront pratiquement pas financées sur fonds publics. La municipalité de Niteroi ne prendra en charge que 3 % du budget total, le reste incombant à des donateurs privés, entreprises ou institutions religieuses (dont le Vatican).
Cette ville de Niteroi, qu'on atteint par la route en traversant le pont suspendu de 14 km qui franchit la baie de Guanabara, ou à bord des nombreux ferries qui font la navette avec Rio, veut associer son nom à celui du grand architecte, dans l'espoir d'attirer un nombre accru de touristes, enclins à rester jusqu'ici de l'autre côté de la baie.
A Rio même, au 10e étage du numéro 3940 de l'Avenida Atlantica, avec une vue imprenable sur la plage de Copacabana, "Monsieur Oscar", malgré son très grand âge, se rend dans son atelier "tous les jours", assure-t-il. Sa main tremble, sa vision est faible, et, comme il le dit souvent, avoir plus de 100 ans "est une merde".
Auteur de plus de 600 projets dans le monde, il continue, avec son équipe, d'en mener à bien une douzaine par an. A Rio, il prépare la rénovation du Sambodrome, qu'il avait construit, et où ont lieu depuis 1984 les défilés du Carnaval. La restauration commencera en mars. Cette avenue du centre-ville, entourée de gradins, accueillera les épreuves de tir à l'arc et l'arrivée du marathon des Jeux olympiques de 2016.
Il travaille sur les plans d'une cathédrale à Belo Horizonte; d'un musée du football, qui portera le nom de Pelé, à Santos ; d'un aquarium à Buzios et d'une église à Petropolis, dans l'Etat de Rio. Le centre culturel international qui porte son nom ouvrira ses portes en mars 2011, à Aviles, en Espagne. Niemeyer avait offert ses plans en 2005 à cette ancienne ville industrielle des Asturies. Il planche sur d'autres projets, notamment à Rosario (Argentine) et à Alger.
Ancien stalinien jamais repenti, resté fervent communiste, "ennemi de l'angle droit et du capitalisme", le virtuose du béton armé, maître des courbes et des voûtes, reste révéré au Brésil comme un "génie vivant".
Pourtant, son oeuvre récente s'attire des critiques dans le métier. On souligne son caractère répétitif, son absence d'innovation, la mauvaise insertion de ses édifices dans l'environnement urbain.
Niemeyer reconnaît lui-même que les formes et les volumes de ses dernières créations se ressemblent - notamment les sphères et les coupoles qui l'obsèdent. "On les dirait sorties d'une ligne de montage", écrit Silas Marti, journaliste de la Folha de Sao Paulo. Plusieurs de ses édifices, construits dans le nord-est du Brésil dans les années 2000, à la demande d'élus en quête de prestige, sont aujourd'hui fermés, comme le centre culturel de Goiania, édifié en 2006, le parc municipal de Natal (2008), le parc Dona Lindu à Recife (2008).
Ces projets, mal planifiés sur le plan urbanistique, ne répondaient pas à un besoin urgent de la population. En 2009, "Monsieur Oscar", dont l'orgueil est notoire, avait dû renoncer à ériger au coeur de Brasilia un obélisque triangulaire et penché qui eût défiguré l'harmonie du centre-ville.
"J'adore son travail, mais chaque être humain a ses propres limites", convenait récemment Alfredo Gastal, en charge de la préservation de Brasilia. Tant que le maître sera en vie - et sans doute ensuite -, les collaborateurs de l'architecte continueront à produire des dizaines de projets portant prétendument sa griffe. Le critique Fernando Serapiao, de la revue Projeto Design, s'interroge, un rien iconoclaste : "Qui construira le dernier Niemeyer ?"
Jean-Pierre Langellier, Article paru dans l'édition du 06.01.11
enviado por MVM==News
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